
📝Les diapositives passées par Florian
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💡 Les explications de Florian
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❓ Comment concilier les impératifs d’efficacité d’une part mais aussi d’autonomie, de résilience et d’usages plus sobres d’autre part des logiciels dans un contexte d’adoption massive du numérique ?
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1. Numérique et travail, des dynamiques qui durent depuis plus de 50 ans

1.a - Petite histoire des outils numériques au travail
- apparition dans les années 60-70 des mainframes centralisés et volumineux : le calcul est une ressource rare et chère, réservée à quelques métiers qui doivent “faire la queue” pour effectuer des calculs
- les années 80-90 voient les micro-ordinateurs (micros par rapport aux mainframes) professionnels et personnels se diffuser ainsi que l’apparition de la bureautique et des premiers systèmes d’information (triple rupture technique, économique et sociale - norbert alter 85)
- apparition du terme NTIC au cours des années 90 en parallèle de la diffusion d’internet, désignant la convergence entre les secteurs informatiques, des télécommunications et des médias
- la deuxième moitié des années 2000 voient l’apparition et la diffusion des smartphones d’abord professionnels (qui se souvient de l’époque où les blackberry étaient à la mode) puis personnels (accéléré par l’iPhone), avant que cette distinction ne se dilue
- le terme TIC, qui a perdu le N de nouveau entre temps, est peu à peu remplacé par “digital” ou “numérique”, avec un tournant sémantique notable observé aux alentours du CES de 2013 (ughetto, 2018)
1.b - Des promesses de fond similaires aux formes sans cesse renouvelées
D’après les deux sociologues Anca Boboc et Marie Benedetto-Meyer, on trame de fond on retrouve tout au long de cette histoire la notion d’automatisation, accompagnée de promesses plus ou moins grandiloquentes, tantôt alarmistes tantôt nuancées quant aux effets du numérique sur l’organisation du travail, parfois accompagnées d’études d’impact plus ou moins déterministes quant aux effets inéluctables du numérique sur la société, en particulier ici sur le travail.
Certains auteurs (arntz, gregory, zierahn, 2017) ont montré que les études d’impact doivent tenir compte de la forte hétérogénéité du contenu des emplois : ceux-ci ne sont pas réductibles (contrairement à ce qu’affirmait le taylorisme et le fordisme il y a déjà plus d’un siècle) à une somme de tâches substituables, mais à leur agencement, qui va dépendre lui-même du positionnement de l’activité dans l’organisation, des compétences (évolutives) des travailleurs, des collectifs de travail existants, etc.


De quelle promesses parle-t-on ?
- La simplification des tâches professionnelles quotidiennes
- L'augmentation de la productivité, notamment via la standardisation
- L'interconnexion entre les différents outils utilisés et la collaboration
- La sécurisation des données produites dans le cadre du travail
- Les possibilités de suivi précis des tâches (dashboards)
- La capacité de tirer du sens de tous les contenus générés au travail
1.c - Trois typologies d’outils déterminées par la sociologie numérique du travail
Étudier le numérique au travail suppose de tenir compte avant tout de la variété des outils qui sont diffusés aujourd’hui en entreprise. Trois grandes catégories sont couramment utilisées pour distinguer ces outils (Boboc, 2017 ; Mallard, 2011a) :
- on identifie, d’une part, les outils de gestion, c’est-à-dire les dispositifs qui s’articulent à des modes d’organisation du travail fondés sur la centralisation et l’homogénéisation, voire la standardisation des process. On désigne particulièrement par ce terme les outils qui, dès les années 1990, ont accompagné un mouvement de rationalisation des différentes activités et fonctions de l’entreprise (ressources humaines, logistique, relation client, etc.) comme les systèmes informatiques d’entreprise intégrés (ERP – Enterprise Ressource Planning) ;
- les outils de communication, d’autre part, sont ceux qui facilitent les échanges d’informations. Si le mail reste le dispositif emblématique des échanges numérisés et demeure central en entreprise, on peut dire que les outils de communication se diversifient aujourd’hui, en rendant les échanges plus instantanés (SMS, applications de messageries instantanées…) et permettent d’articuler échanges de textes, de documents, mais également échanges audio ou visiophoniques ;
- les outils de travail collaboratifs, enfin, promus comme des vecteurs d’innovation et de créativité, qui se sont diffusés massivement ces dernières années (wiki, plateformes, réseaux sociaux internes…), permettent d’échanger et de s’organiser parfois en « communautés », autour d’un sujet donné, de travailler à plusieurs sur un même document partagé, qu’il s’agisse de concevoir, d’écrire, de planifier une réunion ou de stocker dans un espace accessible à un ensemble de personnes des ressources communes.


Évolutions majeurs permises par ces outils
Madeleine Besson et ses collègues (2017) soulignent que ces dispositifs permettent trois évolutions majeures dans l’organisation du travail et de la production :
- le numérique permet l’automatisation des tâches (le fait que les machines ou automates se substituent à l’homme pour certaines activités),
- la “dématérialisation” (que l’on préfère appeler “délocalisation” chez Ctrl S) : le fait que la communication et les services ne passent plus par des flux et des échanges physiques, mais immatériels,
- la désintermédiation (ou la réintermédiation) qui organise les appariements ou la mise en relation des acteurs via des plateformes ou avec l’aide d’algorithmes, notamment.
Ces trois évolutions sont alignées sur les trois catégories d’outils mentionnées ci-dessus : l’automatisation, comme suite logique des changements engendrés par les systèmes informatiques d’entreprise intégrés, la dématérialisation, soutenue par l’essor des outils de communication et la désintermédiation, comme réponse au développement des outils collaboratifs (qui intègrent, par exemple, des marchés de compétences, des cartographies visant l’entrée en contact entre les acteurs…).
2. Le numérique a profondément reconfiguré le travail et son organisation
2.a - Quand la technologie entre dans une organisation

Pourquoi et comment est prise, en entreprise, la décision de s’équiper de tel ou tel outil ? Comment s’articulent changements techniques et organisationnels ?
Les organisations ne sont pas des lieux ordinaires : hiérarchisés, structurés, parfois déjà saturés d’équipements, de procédures et de règles, ce sont des lieux où se (re)jouent des rapports de pouvoir et où s’exercent des régulations. Ce sont aussi des lieux où se développent des savoirs, des pratiques, des habiletés, individuelles et collectives.
Le refus du déterminisme organisationnel
Dans les années 50, la chercheuse Joan Woodward a fait le constat empirique que les entreprises disposant de technologies similaires ont globalement des modes d’organisation comparables.
Attention toutefois à ne pas tomber dans un déterminisme organisationnel (Reix, 1990), qui affirmerait que certains modes d’organisation du travail seraient davantage compatibles avec la mise en place de certaines technologies :
- soit parce que l’organisation avant l’informatisation offrirait un terreau plus favorable au développement de ses usages,
- soit parce que la technologie induirait un changement organisationnel
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❓
Comment expliquer alors que les recherches témoignent, aussi, de bien des situations en entreprise où l’implantation de dispositifs porteurs de nouvelles manières de travailler ou de collaborer ne parvient pas à venir à bout de structures rigides et bureaucratiques (Muhlmann, 2001; Brétesché, 2020) ?
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